mardi 10 mai 2016

La photodermatose


Le printemps est de retour et avec lui sont revenus un certain nombre de désagréments.
Les oiseaux chantent, les jours rallongent, l'herbe pousse à vue d'oeil, la mue a bien avancée.
On se réjouissait à l'idée d'être débarrassé du froid, de la pluie, de la boue, des fourchettes pourries, de la gale de boue et j'en passe et des meilleurs mais voilà...
Avoir un cheval, Messieurs, Dames c'est comme avoir un enfant, on a jamais fini de soigner ses petits et gros bobos.
Aujourd'hui j'ai eu envie de parler de la photodermatose car c'est un sujet qui me touche de près puisqu'un de mes chevaux en souffre et parce que je trouve qu'on en entend peu parler, j'en déduis donc que c'est assez peu connu.
 

- Définition :

Il s’agit de réactions anormales de la peau au soleil, le plus souvent suite à une photosensibilisation (réaction entre les UV et une substance photosensibilisante contenue dans la peau).

Les zones dépigmentées sont les principales exposées.



Il existe 2 grands types de photosensibilisation :

  • Par contact

  • Par ingestion

1/ Photosensibilisation de contact


Elle peut être de 2 types :

  • La phototoxicité

Fréquence : Commun

Temps de réaction : Rapide

Forme : Apparence de coups de soleil, voir de cloques dans les cas plus graves. Les lésions sont douloureuses.

Zones touchées : la plupart du temps le nez (très exposé lorsque le cheval broute). La réaction restera locale.

Cause : La phototoxicité est due à la présence de substances photosensibilisantes dans la sève de certaines plantes. Sous l’effet des UV ces substances vont venir brûler la peau.

Plantes responsables :

Famille des ombellifères (céleri, berce communes, berce du Caucase…)

Famille des rutacées (agrumes, faire attention en particulier aux huiles essentielles)

Famille des moracées (figuiers, mûriers…)

Famille des renonculacées (boutons d’or)



  • La photoallergie

Fréquence : Plus rare

Temps de réaction : Il n’y aura pas de réaction au premier contact avec la plante mais quelques jours plus tard lors d’un nouveau contact avec la plante sous l’effet des UV.

Forme : Eczéma ou urticaire la plupart du temps

Zones touchées : Réaction assez diffuse pouvant s’étendre à des zones moins sensibles.

Cause : Ici ce n’est pas la substance en elle même qui est toxique mais qui va devenir allergisante sous l’effet des UV.

Plantes responsables :

Famille des astéracées (composées) (camomille, artichaut, chicorée, pissenlit, chardon, marguerite, cirse, pâquerette, séneçon…)

Famille des lauracées (laurier noble)


2/ Photosensibilisation par ingestion

Fréquence : NC

Temps de réaction : 24h à quelques jours après ingestion

Forme : Erythème douloureux avec apparition de croûtes noirâtres et suintantes. Dans les cas les plus graves, on peut constater l’apparition d’ulcérations et/ou un dessèchement de la peau qui peut s’effriter ou partir en lambeaux.

Zones touchées : Prioritairement les zones dépigmentées (nez, ladre, marque en tête, liste, balzane, paturons) mais pouvant s’étendre aux zones moins sensibles voisines.

Cause : Il existe 2 cas de figure.

  • Photosensibilisation primaire : il s’agit de l’accumulation d’une substance (le plus souvent un pigment alimentaire) dans l’organisme. Le sang va faire circuler cette substance dans le corps et notamment jusqu’à la peau où sous l’effet des UV, elle va réagir et dégrader les tissus. Il s’agit d’un phénomène assez semblable à la phototoxicité mais à plus grande échelle.

  • Photosensibilisation secondaire : dans ce cas, l’accumulation de la substance « nocive » est liée à un défaut de l’élimination par le foie qui, étant saturé, devient incapable d’évacuer la substance, il y a alors accumulation dans la peau et la substance va réagir sous l’effet des UV. En ces circonstances, une atteinte hépatique devra être suspectée (les signes d’une défaillance hépatique sont la léthargie, la perte d’appétit, l’amaigrissement et l’ictère, c’est à dire un jaunissement du blanc de l’œil et des muqueuses).

Plantes responsables :

Millepertuis, sarrasin, trèfle rouge, trèfle blanc, trèfle hybride, lupin, luzerne.



- Comment l’éviter et soigner la photodermatose ?


  • Mesures de prévention


Bien sûr, la première chose à faire est de surveiller l’état de son pré et de vérifier l’absence de plantes toxiques.

Pour éviter la photodermatose, il est important que les chevaux vivants à l’extérieur aient accès à des endroits ombragés.

Pour ceux qui vivent au box, on privilégiera des sorties au pré en dehors des heures de fort ensoleillement, préférant le début de matinée, la fin de journée ou encore la nuit.

Il est aussi possible de protéger les zones sensibles à l’aide de couvertures spéciales et de masques.

L’utilisation de crème solaire spéciale chevaux ou pour humain (mais hypoallergénique, personnellement, j’utilise de l’écran total pour enfants) est également possible bien qu’assez contraignante car pour que ce soit efficace il faut régulièrement l’application au cours de la journée.



  • Comment traiter ?


S’il s’agit juste d’un simple érythème, l’application d’une crème apaisante devrait suffire.

Dans le cas où il y aurait des lésions (croûtes, ulcères…), il faudra veiller à nettoyer soigneusement la zone (moi je fais un bon nettoyage à la bétadine rouge). Ensuite il faudra appliquer une crème cicatrisante et ne plus exposer la zone lésée avant complète guérison des plaies.



Si la zone touchée est très étendue, c’est qu’il s’agit vraisemblablement de photosensibilisation par ingestion et dans ce cas mieux vaut faire appel à un vétérinaire à cause du risque de lésions hépatiques (rappelons que bien pris en main un simple drainage hépatique pourra suffire mais non traitées, les conséquences peuvent s’alourdir voir devenir irréversibles).

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